Le point du procès de P.Diddy qui entre dans sa phase finale

Après plus de sept semaines de débat au tribunal fédéral de New York, les plaidoiries de l’accusation et la défense devraient commencer ce jeudi 26 juin. Les membres du jury pourront ensuite commencer leurs délibérations en vue d’un verdict au terme du procès de P.Diddy.

Procès de P.Diddy : voici le point

Mardi 24 juin, les procureurs américains ont clos la présentation de leurs éléments prouvant la culpabilité du rappeur des chefs de « trafic sexuel », « transports à des fins de prostitution » et « complot de racket ». Pour ce faire, ils se sont appuyés durant plus de sept semaines sur une trentaine de témoignages de proches ou victimes présumées de la star du hip-hop déchue, dont deux de ses ex-compagnes : la chanteuse de R&B Cassie, avec qui il a vécu pendant plus d’une décennie, et une femme se faisant appeler « Jane », étant sa dernière petite amie avant son arrestation.

L’accusation a ensuite cédé la place à la défense. Contre toute attente, les avocats de P. Diddy, Sean Combs de son vrai nom, ont déclaré ne pas avoir l’intention d’appeler leurs propres témoins à la barre du tribunal fédéral de Manhattan. Cette décision pourrait indiquer que la défense estime que ses contre-interrogatoires des témoins ont instillé suffisamment de doutes dans les thèses de l’accusation. Ou qu’ils n’ont pas pu identifier des témoins susceptibles d’aider la version de leur client.

Les plaidoiries devraient commencer dès ce jeudi et dureront environ quatre heures pour chaque partie, indique la presse américaine. « Le jury ne sera probablement pas saisi de l’affaire avant vendredi, date à laquelle il pourra commencer ses délibérations après avoir reçu les instructions du juge », précise le Washington Post.

Les jurés devront ensuite parvenir à un verdict à l’unanimité. Le rappeur de 55 ans, qui plaide l’innocence et dont les avocats réclament l’acquittement, encourt la perpétuité s’il est reconnu coupable de tous les chefs.

Afin que le verdict soit le plus objectif possible, les membres du jury ont reçu l’instruction de ne pas suivre l’actualité entourant l’affaire durant le procès, alors que cette affaire inonde les médias traditionnels et les réseaux sociaux. Chaque jour, un cortège de journalistes et influenceurs en tout genre décortiquent les audiences sur place devant le tribunal.

P. Diddy ne témoignera pas

Devant la cour, les avocats du rappeur ont indiqué mardi que leur client ne témoignera pas. Afin de s’assurer de sa décision, le juge Arun Subramanian a dans un premier temps demandé à l’accusé comment il se sentait. « Je vais très bien Votre Honneur », a répondu le magnat du rap, avant d’ajouter : « Je voulais vous remercier, vous faites un excellent travail », ce qui a déclenché le rire du magistrat.

Le juge a ensuite indiqué à Sean Combs qu’il avait le droit de prendre la parole, ou non. « C’est entièrement ma décision », a assuré Diddy, affirmant en avoir discuté «en profondeur» avec son équipe d’avocats.

Les témoignages qui ont marqué le procès

Depuis le 5 mai, les procureurs ont tenté d’établir des connexions entre les témoignages, les données téléphoniques et réservations de voyage dans le but de prouver que P. Diddy s’était servi de son empire musical pour assouvir ses fantasmes sexuels. « Ses employés, ses ressources et son influence (…) créant ainsi une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés (…) à la traite à des fins sexuelles, au travail forcé, aux enlèvements, à la corruption et à l’entrave à la justice », détaille l’acte d’accusation rendu public par la justice américaine. Selon les procureurs, les employés de Sean Combs devaient se charger de livrer de la drogue aux victimes présumées afin qu’elles se soumettent aux demandes du rappeur.

Cassie, la première femme à avoir porté plainte contre le producteur de rap en 2023, a livré un témoignage poignant, dès le deuxième jour des débats le 13 mai, révélant les coulisses des « Freak offs », ces marathons sexuels que lui imposait, selon elle, son compagnon de l’époque. La chanteuse a expliqué que consommer de la drogue – devenue indispensable pour tenir – et avoir des relations sexuelles avec des inconnus était devenu son « travail ». Elle a également dénoncé avoir été victime de violences physiques et psychologiques ainsi que de menaces de divulgations de vidéos intimes – dont certaines ont été visionnées par les jurés.

Une autre ex-petite amie de P. Diddy a récemment témoigné, sous le pseudonyme « Jane », dénonçant elle aussi des violences et avoir été contraintes de participer aux marathons sexuels, malgré son désaccord. Une ancienne assistante du fondateur du label Bad Boy Records a quant à elle raconté comment Diddy l’aurait forcée à l’accompagner «tuer» son rival Kid Cudi, qui entretenait une relation secrète avec Cassie.

Malgré ces témoignages à charge, les avocats du rappeur soutiennent que leur client n’a pas contraint ses accusatrices de participer aux « Freak offs », bien qu’il ait parfois été violent.