Beyoncé au Stade de France : on vous raconte son 2e concert

Ce samedi 21 juin, Beyoncé donnait son deuxième show au Stade de France à Paris.

Beyoncé fait encore vibrer les Français

Ce deuxième concert s’approprie la country, un genre historiquement dominé par des chanteurs blancs, pour y réaffirmer la place des Afro-Américains. Sur scène, chaque tenue, chaque décor, est pensé comme un manifeste. Car Beyoncé ne se contente pas de divertir.

Dans cette première partie de concert, Beyoncé revendique, raconte, politise. Le second morceau de l’album, « Blackbiird », débute. Une reprise des Beatles dont les paroles s’inspirent de la lutte des Afro-Américains pour les droits civiques. La chanteuse l’interprète en y incorporant un couplet de The Star-Spangled Banner, l’hymne américain. À la fin de la performance, la phrase « Never ask permission for something that already belongs to you » (traduire : Ne demandez jamais la permission pour ce qui vous appartient déjà) apparaît sur les écrans géants.

Le ton est donné. Ce soir, c’est l’histoire des États-Unis, revue et corrigée par Beyoncé. Qui enfonce le clou, au cas où nous n’aurions pas bien saisi, avec la chanson « Freedom ». Le morceau, choisi par Kamala Harris comme hymne de campagne, rend hommage aux femmes noires et porte un message de résistance et de justice face aux discriminations.

Chaque interlude, chaque chorégraphie, chaque choix de morceau, notamment son hommage à la pionnière noire de la country Linda Martell, dans « America Has a Problem », deviennent des actes militants. Beyoncé rappelle que la country, comme beaucoup d’autres musiques américaines, puise son origine dans la culture noire. Un message de réappropriation culturelle servi par des décors monumentaux, et des tenues plus extravagantes les unes que les autres, mais servant toujours le message que la chanteuse souhaite transmettre.

Les effets visuels, eux aussi, participent à une démonstration de force. Les écrans géants diffusent des images d’archives, des paysages du sud des États-Unis, des portraits d’icônes noires oubliées et de travailleurs noirs invisibilisés. Les décors, tantôt saloon futuriste, tantôt prairie dorée, plongent le public dans un western réinventé – où chaque détail devient un clin d’œil à la culture afro-américaine. Beyoncé en profite pour saluer sa ville d’origine, Houston, au Texas, à travers des symboles comme les silhouettes de chevaux et le two-step, une danse texane dérivée de la polka.


Beyoncé réinterprète certains de ses morceaux cultes à la sauce Cowboy Carter, comme « Pure/Honey », tiré de l’album Renaissance, et la seconde partie du concert, moins politique, glisse vers le divertissement pur. De « Singles Ladies » à « Halo », la chanteuse enchaîne les tubes qui l’ont érigée en star planétaire. Elle troque son chapeau de cow-girl pour se glisser dans la peau de reine du dance-floor. Les classiques s’enchaînent dans un medley survitaminé avec « Say My Name », « Survivor » et « Bootylicious ». Le Stade de France se transforme en gigantesque piste de danse le temps de quelques morceaux.

L’atmosphère change lorsque résonnent les premières notes de « Protector ». Le show se fait plus calme, presque recueilli. La chanteuse dédie cette ballade à ses deux filles, Blue Ivy, 13 ans, et Rumi, 8 ans, qui la rejoignent sur scène.

Queen B, conquérante, clôt le concert en s’offrant un dernier bain de foule au volant d’une décapotable sur « 16 Carriages ». L’image est saisissante : la voiture rutilante survole lentement la scène pour permettre à l’artiste de saluer chaque section du stade. La chanteuse est flanquée du drapeau américain. Un American Dream réinventé façon Beyoncé, où une femme noire du Texas conquit les codes de l’Amérique blanche pour mieux les transformer. Tout un symbole pour clore près de trois heures d’un spectacle qui aura mêlé revendication politique et divertissement pur.